Danser en fauteuil roulant
Il est tout à fait possible de pratiquer la danse en fauteuil roulant dans des clubs ou écoles de danse, et cette pratique se développe de plus en plus. De nombreuses écoles de danse proposent désormais des cours spécialisés appelés « wheelchair dance », « handidanse » ou tout simplement « danse en fauteuil ». Afin d’apprendre à danser en fauteuil roulant, ces cours peuvent prendre plusieurs formes : des cours solo où l’on apprend à maîtriser les mouvements du fauteuil en rythme et à développer sa gestuelle du haut du corps, ou des cours en couple où une personne en fauteuil danse avec un partenaire debout ou lui-même en fauteuil. Ces duos, souvent appelés « danse intégrée », peuvent pratiquer différents styles comme la valse, le tango, ou même des danses latines adaptées. Les professeurs qualifiés en danse adaptée savent comment ajuster leurs cours pour tirer parti des capacités de chaque danseur, en mettant l’accent sur l’expression artistique et le plaisir de la danse.
Les origines de la danse intégrée
Les origines de la danse intégrée sont anglo-saxonnes. C’est aux États-Unis, au milieu des années 1980, qu’Alito Alessi apparaît comme un précurseur de la pratique de la danse pour des personnes en situation de handicap. Il crée avec Karen Nelson la Joint Forces Dance Company en Oregon en 1987. La compagnie a mis en place une formation de Dance Ability et des enseignants relaient cette technique dans de nombreux pays dont la France.
Parallèlement à Berkeley, en Californie, cette forme de danse a pris son essor avec la création en 1987 d’AXIS Dance Company par Thais Mazur, Bonnie Lewkowicz et Judith Smith. Cette compagnie a été l’une des premières à intégrer systématiquement des danseurs en fauteuil roulant et des danseurs valides dans ses créations professionnelles.
Au Royaume-Uni, des initiatives similaires ont vu le jour, avec des compagnies comme Candoco Dance Company, fondée en 1991 à Londres par anglais Celeste Dandeker et Adam Benjamin. De ces cours, naissent des ateliers dans des écoles de danse du pays et en moins de deux ans, CandoCo devient la première compagnie professionnelle regroupant danseurs handicapés et valides en Angleterre.
En Europe continentale, l’Allemagne a également joué un rôle important dans le développement de cette forme de danse, notamment à travers le travail de Gerda König et sa compagnie DIN A 13 créée en 1995 à Cologne. Cette compagnie se distingue par sa composition unique, réunissant des danseurs aux capacités corporelles diverses, incluant des personnes avec et sans handicap physique.
L’introduction de la danse intégrée en France s’est réalisée de manière significative à la fin des années 1990. Bien que la danse intégrée soit née au Royaume-Uni dans les années 1970, son arrivée en France a été plus tardive. Ce décalage temporel s’explique par les différences culturelles et institutionnelles entre les deux pays en matière de perception du handicap et de soutien aux pratiques artistiques inclusives. L’émergence de la danse intégrée en France s’inscrit dans un mouvement plus large de développement de la danse contemporaine française, qui a connu un essor important dans les années 1980. Cette période a vu l’apparition de nombreux chorégraphes innovants et la création de structures de soutien à la danse, comme les Centres chorégraphiques nationaux.
Quel fauteuil roulant pour danser ?
Pour pratiquer la danse en fauteuil roulant, plusieurs types de fauteuils peuvent être utilisés, selon les besoins, les préférences du danseur … et son budget ! Les fauteuils roulants manuels et électriques sont tous deux adaptés à la danse, mais certains modèles spécifiques sont conçus pour optimiser les performances et faciliter les mouvements dans ce contexte.
Fauteuils roulants standards
Le fauteuil roulant manuel quotidien peut être utilisé pour la danse, particulièrement pour les débutants ou ceux qui pratiquent occasionnellement. La plupart des écoles de danse adaptée accueillent les danseurs avec leur fauteuil personnel. L’important est que le fauteuil soit en bon état, avec des roues bien gonflées et des freins fonctionnels pour garantir la sécurité. Cependant, leur maniabilité peut être limitée pour des figures complexes ou des chorégraphies exigeantes.
Le fauteuil électrique peut également être utilisé pour la danse, notamment dans des approches plus contemporaines ou expressives. Bien que plus lourd et moins maniable qu’un fauteuil manuel, il permet d’autres types de mouvements et peut être particulièrement intéressant pour les chorégraphies.
Fauteuils spécialisés pour la danse
Le fauteuil spécifique pour la danse sportive est un fauteuil léger et très maniable, souvent en aluminium ou en titane, conçu spécialement pour cette activité. Il possède généralement des roues à carrossage (inclinées vers l’extérieur) pour une meilleure stabilité dans les rotations rapides, et des roulettes anti-bascule plus longues. Son siège est également plus bas que celui d’un fauteuil standard pour optimiser l’équilibre et la dynamique des mouvements.
Les compétitions handidanse
Il existe de nombreuses compétitions de danse en fauteuil roulant au niveau national et international. Cette discipline est officiellement reconnue par l’IPC (Comité Paralympique International) depuis 1998. Bien qu’elle ne fasse pas partie des Jeux Paralympiques, des championnats du monde et championnats européens sont organisés régulièrement sous l’égide de la World DanceSport Federation (WDSF).
La plus prestigieuse compétition est le Championnat du Monde de Para Dance Sport, organisé par l’IPC. La World Para Dance Sport divise les athlètes en deux classes principales selon le niveau de handicap des participants, pour assurer une compétition équitable :
• Classe 1 : pour les danseurs ayant un handicap plus sévère affectant le tronc et les jambes
• Classe 2 : pour les danseurs ayant un meilleur contrôle du tronc et des jambes
Ces compétitions comprennent différentes catégories :
• Les « combi » où un danseur en fauteuil roulant danse avec un partenaire valide debout.
• Les « duo » où deux danseurs en fauteuil roulant dansent ensemble.
• Les « single » où les danseurs en fauteuil roulant performent en solo.
Dans chaque catégorie, les danseurs peuvent concourir dans plusieurs styles :
• En danses standards (valse anglaise, tango, valse viennoise, slow fox, quickstep)
• En danses latines (samba, cha-cha-cha, rumba, paso doble, jive)
• En freestyle, où les danseurs créent leurs propres chorégraphies.
En plus des compétitions internationales, de nombreux pays organisent leurs propres championnats nationaux et compétitions régionales. Ces événements contribuent au développement de la discipline et offrent aux danseurs de tous niveaux l’opportunité de se produire en public.
En France, la Fédération Française de Danse (FFD) et différentes associations organisent des événements tels que : La compétition « Wheelchair Dance » ou Le Challenge de Danse Inclusive.
Les styles de danse les plus populaires en fauteuil roulant
Les styles de danse les plus pratiqués en fauteuil roulant incluent une grande variété de genres, adaptés aux capacités des danseurs et à leurs préférences artistiques.
• Hip-hop : Le hip-hop en fauteuil roulant, également connue sous le nom de « handhip-hop », est dynamique et énergique. Les danseurs utilisent des mouvements rapides et des techniques comme les spins et les wheelies pour créer des performances impressionnantes.
• Danse latine : Ce style inclut des danses comme la salsa, la rumba, le cha-cha-cha et la samba. Les mouvements sont souvent rythmés et sensuels, et les danseurs utilisent leur fauteuil pour ajouter des éléments uniques à la chorégraphie.
• Danse de salon : Ce style inclut des danses comme la valse, le tango, le foxtrot et le quickstep. Les partenaires peuvent être tous les deux en fauteuil roulant ou l’un des deux peut être debout.
• Danse contemporaine : Ce style met l’accent sur la créativité et l’exploration des mouvements uniques au fauteuil roulant, souvent en dehors des cadres codifiés
Les bienfaits psychologiques
La danse offre une multitude de bienfaits psychologiques pour les personnes handicapées, contribuant de manière significative à leur bien-être mental et émotionnel. En premier lieu, elle joue un rôle crucial en réduisant le stress et l’anxiété, tout en atténuant les symptômes dépressifs. Cette pratique artistique favorise un sentiment général de bien-être émotionnel, permettant aux participants de se sentir plus équilibrés et sereins.
Un aspect particulièrement important est le renforcement de l’estime de soi. La danse permet aux personnes en fauteuil roulant de développer une plus grande confiance en elles, d’améliorer leur image corporelle et de ressentir un profond sentiment d’accomplissement personnel. Elle offre également un espace sécurisé pour l’expression émotionnelle, où les participants peuvent libérer leurs sentiments à travers le mouvement, utilisant ainsi la danse comme un moyen de communication non-verbal puissant et libérateur.
La relation au corps se transforme positivement grâce à la danse. Elle permet non seulement une meilleure acceptation de son corps et de ses spécificités, mais favorise aussi la découverte de nouvelles possibilités de mouvement. Le rapport au fauteuil évolue significativement, celui-ci devenant un véritable partenaire de danse et un élément artistique à part entière.
Sur le plan cognitif, la danse stimule les capacités mentales, améliore la mémoire et renforce la motivation. Elle contribue au bien-être psychologique global en libérant des endorphines, favorisant une sensation de bonheur et développant une attitude plus positive envers la vie. De plus, la danse joue un rôle crucial dans le développement des compétences sociales, améliorant les interactions et renforçant le sentiment d’appartenance à une communauté.
Les bienfaits physiques
La danse en fauteuil roulant procure de nombreux bienfaits physiques, contribuant à améliorer la santé globale et la qualité de vie des participants. Elle agit comme une forme d’exercice adaptée, permettant de renforcer les muscles, notamment ceux du haut du corps, tout en améliorant la posture et la mobilité. Les mouvements chorégraphiés stimulent également la souplesse et la coordination, favorisant une meilleure maîtrise corporelle. En plus de ces bénéfices, la pratique régulière de la danse améliore la circulation sanguine et renforce le système cardiovasculaire, ce qui est essentiel pour maintenir une bonne condition physique. Elle aide aussi à soulager les douleurs articulaires et musculaires grâce à des mouvements fluides et contrôlés. La danse permet ainsi d’entretenir l’endurance physique tout en offrant une activité plaisante et motivante. La pratique de la danse aide aussi à développer une meilleure proprioception, c’est-à-dire la conscience de la position de son corps dans l’espace. Cette amélioration a des répercussions positives sur l’équilibre et la prévention des chutes.Danse en fauteuil combi ou duo ?
La danse en fauteuil roulant s’exprime principalement à travers deux formes distinctes : la danse combi et la danse duo, chacune ayant ses particularités et ses attraits. Chaque configuration permet d’explorer différentes qualités de mouvement et de créer des chorégraphies uniques qui mettent en valeur les capacités des danseurs.
Combi
La danse combi associe un danseur en fauteuil roulant avec un partenaire debout, créant une dynamique unique où les mouvements des deux danseurs se complètent et s’harmonisent. Cette forme permet une belle exploration des contrastes et des complémentarités entre les deux corps en mouvement. Les danseurs développent un langage chorégraphique spécifique qui met en valeur leurs différences tout en créant une unité artistique. La danse combi offre de nombreuses possibilités créatives, notamment dans l’utilisation de l’espace et des niveaux, le partenaire debout pouvant évoluer autour et au-dessus du fauteuil.
Duo
La danse duo, quant à elle, réunit deux danseurs en fauteuil roulant. Cette configuration crée une symétrie particulière et permet l’exploration de mouvements synchronisés très spectaculaires. Les danseurs développent des techniques spécifiques pour faire de leurs fauteuils de véritables instruments de danse, créant des figures et des déplacements originaux. La précision technique requise est particulièrement importante, car les deux danseurs doivent maîtriser parfaitement leurs déplacements pour éviter toute collision tout en maintenant la fluidité de la chorégraphie.