Origines et histoire de la danse country
Premières apparitions des contredanses européennes
L’origine des premières danses en ligne remonte aux contredanses européennes, apparues dès le XVIe siècle et qui ont connu un essor majeur aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces danses étaient des formes collectives pratiquées en société, où les danseurs suivaient des figures chorégraphiées en ligne, en carré ou en cercle, sous l’influence de la musique et parfois guidés par un maître à danser.
Le terme « contredanse » dérive de l’anglais country dance, qui désignait à l’origine des danses populaires en Angleterre pratiquées par la paysannerie dès la fin du Moyen Âge. Ces danses étaient exécutées en groupe, souvent en lignes face à face ou en colonnes parallèles, sur des musiques entraînantes. Au fil du temps, elles furent adoptées par l’aristocratie anglaise, qui les raffina et leur donna une structure plus élaborée.
En France, sous le règne de Louis XIV (1643-1715), les contredanses deviennent extrêmement populaires à la cour de Versailles. Introduites par des maîtres à danser influencés par les pratiques anglaises, elles remplacent peu à peu les danses de couple rigides comme la pavane et la gaillarde. Elles se distinguent par des enchaînements de figures symétriques exécutées par plusieurs danseurs placés en lignes ou en colonnes, ce qui en fait les ancêtres directes des danses en ligne modernes.
Parallèlement, en Écosse et en Irlande, les reels et les jigs connaissent un grand succès. Ces danses, souvent exécutées en ligne, sont caractérisées par des pas rapides et des mouvements dynamiques, influencés par la musique traditionnelle jouée au fiddle (violon). Ces danses populaires avaient une forte dimension communautaire et étaient souvent pratiquées lors de festivités locales ou de rassemblements dans les pubs et les marchés.
À partir du XVIIIe siècle, la contredanse française devient un modèle de référence en Europe et s’exporte aux Amériques avec l’arrivée des colons français et anglais. Aux États-Unis, ces danses fusionneront avec d’autres styles musicaux et donneront naissance à de nouvelles formes de danse collective, notamment le square dance, qui influencera plus tard la danse en ligne country.
Ainsi, les contredanses européennes ont posé les bases des danses en ligne modernes, en introduisant des principes de synchronisation collective et de chorégraphies codifiées. Leur évolution progressive à travers les siècles a permis la naissance des styles de danse collective que nous connaissons aujourd’hui.
L’émergence de styles de danse collective
Avec la migration des Européens vers l’Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles, les traditions de danse collective se sont transformées et adaptées aux réalités du Nouveau Monde. Les colons britanniques, français, espagnols et allemands ont apporté avec eux leurs danses traditionnelles, notamment les contredanses et les reels, qui se sont progressivement fusionnées avec les cultures locales. C’est ainsi qu’émergèrent plusieurs styles de danse collective en Amérique du Nord, notamment le square dance et le clogging, qui ont fortement influencé la danse en ligne moderne.
Le square dance est l’un des premiers styles de danse collective à s’être développé en Amérique. Il apparaît au XVIIIe siècle dans les colonies anglaises et françaises, sous l’influence directe des contredanses européennes. Cette danse se pratique en groupes de quatre couples formant un carré, avec des figures codifiées annoncées par un caller (personne qui guide les danseurs en appelant les mouvements à effectuer). Très populaire dans les communautés rurales, notamment dans le sud et l’ouest des États-Unis, le square dance devient une véritable tradition culturelle. Dans les zones pionnières où les bals étaient rares et où les hommes étaient plus nombreux que les femmes, certaines figures étaient parfois adaptées pour permettre aux danseurs de s’exécuter seuls, posant ainsi les bases des premières formes de danse en ligne.
En parallèle, un autre style de danse collective se développe dans les Appalaches : le clogging. Dérivé des reels irlandais et écossais, le clogging est une danse percussive où les danseurs frappent le sol avec leurs pieds en rythme avec la musique. Initialement pratiqué en solo ou en petits groupes, le clogging évolue au fil du temps vers des performances collectives où les danseurs exécutent les mêmes pas en synchronisation, préfigurant certaines caractéristiques de la danse en ligne contemporaine.
Au XIXe siècle, avec l’expansion des États-Unis vers l’Ouest, les bals et les danses communautaires deviennent des éléments essentiels de la vie sociale, particulièrement dans les zones rurales et les villes en pleine expansion. Les barn dances, qui se tenaient dans les granges et rassemblaient des fermiers et des colons après de longues journées de travail, étaient des occasions de danser et de socialiser. Les musiques jouées en live par des groupes de fiddle (violon), de banjo et de guitare accompagnaient les danses, qui se pratiquaient souvent en groupes, renforçant ainsi l’esprit collectif de ces traditions.
Avec l’essor des rassemblements sociaux et l’influence grandissante de la musique folk et country, les danses collectives continuent d’évoluer. Certaines danses commencent à être exécutées en lignes parallèles, notamment dans les communautés rurales du Texas et du Tennessee, où les danseurs s’alignent côte à côte et suivent un enchaînement de pas communs. Ce mode d’organisation marque une transition importante vers la danse en ligne telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Ainsi, au tournant du XXe siècle, la danse collective aux États-Unis repose sur plusieurs piliers : le square dance, qui structure les figures chorégraphiées en groupe ; le clogging, qui introduit une dimension rythmique et synchronisée ; et les danses rurales du Sud, où l’alignement des danseurs prépare l’émergence des premières formes modernes de danse en ligne. Ces traditions vont se poursuivre et s’adapter au fil des décennies, influencées par l’évolution des styles musicaux et des pratiques sociales.
L’apparition des chorégraphies avec le Madison
Le milieu du XXe siècle marque un tournant décisif dans l’histoire de la danse en ligne avec l’émergence de chorégraphies précises et standardisées sur des musiques modernes. L’un des premiers exemples emblématiques de ce phénomène est le Madison, qui apparaît aux États-Unis à la fin des années 1950 et devient un véritable phénomène de société dans les années 1960.
Originaire de Columbus, dans l’Ohio, le Madison est une danse collective où les participants effectuent des mouvements synchronisés, souvent accompagnés d’un appel vocal indiquant les figures à exécuter. Ce format rappelle celui du square dance, mais se distingue par sa structure en lignes parallèles et son caractère urbain et moderne. Le Madison se danse généralement sur un tempo moyen et des musiques swing, rhythm and blues ou rock, ce qui le rend accessible et attractif pour un large public.
La popularité du Madison explose lorsqu’il est introduit à la télévision et diffusé dans les discothèques aux États-Unis. En 1959, la chanson « The Madison Time » de Ray Bryant accompagne la danse et contribue à son essor. Les jeunes, séduits par son côté ludique et facile à apprendre, se l’approprient rapidement. La danse devient virale et s’étend à l’Europe, où elle est adoptée dans les soirées et les bals populaires.
Ce qui fait du Madison une étape clé dans l’évolution de la danse en ligne, c’est son caractère pré-chorégraphié et universel. Contrairement aux danses improvisées du rock’n’roll ou du swing, le Madison impose une série de pas et de figures codifiées, apprises et répétées par tous les danseurs. Ce modèle influencera directement les danses en ligne modernes, où les chorégraphies sont définies et enseignées à l’avance, avant d’être reproduites en groupe.
Dans les années 1960, le succès du Madison ouvre la voie à d’autres danses en ligne populaires comme le Stroll, où les danseurs se déplacent en formation tout en respectant des pas simples, et le Hully Gully, basé sur des séquences répétitives et accessibles à tous. Ces danses marquent une rupture avec les formes traditionnelles de danse de couple et annoncent l’essor des danses collectives modernes, notamment celles qui seront adoptées par la culture country dans les décennies suivantes.
Ainsi, le Madison constitue une véritable transition entre les danses folkloriques et les danses en ligne contemporaines. Il apporte une structure fixe, une dynamique collective, et une dimension sociale forte, autant d’éléments qui se retrouveront par la suite dans la danse en ligne country et d’autres styles dérivés.
L’essor de la danse en ligne western
L’essor de la danse en ligne western est intimement lié à la popularisation de la musique country aux États-Unis au cours des années 1970 et 1980. Si les danses collectives en milieu rural existaient depuis plusieurs siècles sous la forme du square dance et du clogging, c’est véritablement à cette période que la danse country prend une identité propre et commence à se structurer.
À partir des années 1990, la danse en ligne country devient un phénomène international, notamment en Europe, où elle rencontre un succès grandissant. En France, en Allemagne et au Royaume-Uni, de nombreux clubs voient le jour, attirant des passionnés de culture western. Cet engouement est renforcé par des chorégraphes qui commencent à standardiser les pas et à diffuser des instructions précises, facilitant ainsi l’apprentissage et la transmission des danses. Des chorégraphies iconiques comme Achy Breaky Heart (sur la chanson de Billy Ray Cyrus sortie en 1992) deviennent incontournables dans les soirées country du monde entier.
Aujourd’hui, la danse country est une discipline à part entière, avec des variantes adaptées à différents styles musicaux et à divers niveaux de pratique. Elle continue d’évoluer, intégrant des influences modernes tout en restant fidèle à ses racines rurales et communautaires. Elle est pratiquée aussi bien dans les bars country du Texas que dans les clubs et festivals européens, ou de nombreuses écoles de danse country en France, témoignant de son incroyable capacité d’adaptation et de son succès durable.
En savoir plus sur la musique country
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