Salsa portoricaine on1 (style Los Angeles)
Les origines et l’évolution du style Los Angeles
La salsa portoricaine On1 s’est développée aux États-Unis dans la seconde moitié du XXème siècle, à partir des communautés latines de New York et de Los Angeles, en s’inspirant des danses de Broadway et de Hollywood. Historiquement, les danses mambo et palladium des années 1940-50 sont des précurseurs : les big bands du Palladium Ballroom de New York ont posé les bases du mouvement linéaire. Dans les années 1960-70, la diaspora portoricaine de New York popularise la salsa (musicale) à travers des enregistrements (label Fania), et lance en parallèle des danses inspirées du mambo, d’où se réfère parfois le terme « salsa portoricaine ».
Cependant, le style On1 moderne se structure réellement dans les années 1980-90 à Los Angeles. C’est là que des chorégraphes et professeurs latins commencent à présenter la salsa comme un show : on raconte souvent que les frères Vazquez (Francisco, Luis, Johnny) jouent un rôle fondamental. Luis Vazquez crée la troupe « Salsa Brava » à Los Angeles, tandis que Francisco et Johnny Vazquez fondent « Los Rumberos ». Ces compagnies de danse glissent des influences de tap dance, jazz et hip-hop dans la salsa, créant des numéros de spectacle innovants. Leurs efforts donnent au style LA son visage flamboyant : par exemple, ils inventent des chorégraphies de groupe et mettent en avant les figures acrobatiques.
A la même époque, d’autres figures contribuent à la diffusion : Alex Da Silva (originaire de Chicago mais influencé par L.A.), Liz Lira, Rogelio Moreno (fondateur du Agua Caliente Dance Company), et Joby Martinez. Dans les années 1990, des spectacles télévisés, des compétitions et des congrès de salsa (par exemple le LA Salsa Congress, lancé par le promoteur Albert Torres fin des années 90) projettent cette nouvelle danse dans le monde. Ces événements filmés et diffusés sur Internet font connaître le style Los Angeles à des danseurs du globe.
Sur le plan musical, le style On1 s’accommode bien de la « salsa dura » des années 1970-80 (rapide, instrumentale, sur des rythmes africains) et de la salsa contemporaine. Les maestros portoricains et cubains (Tito Puente, Ray Barretto, El Gran Combo de Puerto Rico, etc…) ont fourni le répertoire favori des danseurs : ce sont souvent des rythmes très marqués en première mesure, idéaux pour casser sur le 1. L’étiquette « salsa portoricaine » est en effet née lors d’un congrès mondial de salsa à Porto Rico au milieu des années 1990, mais elle regroupe en fait tous les styles linéaires issus des États-Unis. Par tradition, on parle maintenant de « salsa portoricaine On1 style Los Angeles » pour désigner ce style rapide et stylisé.
Au fil des années 2000, la salsa On1 continue de se diffuser. Elle s’adapte aux tendances de la danse de salon et de la rue. Elle rivalise avec la salsa New York On2 (plus technique) : certains danseurs débutent avec l’On1 avant de s’essayer à l’On2 pour enrichir leur musicalité. En Europe, depuis les années 2000-2010, on voit apparaître des écoles et des troupes spécialisées en style L.A., qui organisent des compétitions internationales (World Salsa Summit, Mayan World Championships, etc.). Les plateformes vidéo et les réseaux sociaux montrent sans cesse de nouvelles figures, maintenant la créativité du style.
Caractéristiques du style portoricain On1
La salsa portoricaine On1 se distingue par plusieurs traits marquants :
• Linéarité : Les danseurs évoluent le long d’une « ligne de danse » ou slot imaginaire, similaire au swing West Coast. Ils se déplacent avant-arrière et échangent souvent leur position, au lieu de tourner en cercle.
• Tempo sur le 1er temps : Contrairement à certains styles dansés sur le 2, le leader (guide de la danse) effectue son premier pas fort sur le 1, qui est aussi le temps le plus accentué de la musique. Cela donne une sensation vive et puissante à la danse.
• Cross-body lead : La figure basique du style consiste souvent en un « cross-body lead » : le leader avance sur le 1 (laissant le slot ouvert), puis fait un mouvement latéral, tandis que la follower traverse la ligne de danse sur 5 pour changer de position. Au total, en deux mesures, le couple a échangé de place sur le plan horizontal.
• Figures spectaculaires : Le style LA est reconnu pour son aspect spectaculaire et démonstratif. Les danseurs intègrent de nombreux tricks : tours rapides (« spins »), passes croisées, rebonds, acrobaties (dips, saltos à deux), isolations stylisées, etc. L’influence du jazz et du swing est visible dans les mouvements de bras et de hanches amples et les poses scéniques.
• Shines et jeu de jambes : Les shines (moments où chaque danseur exécute des pas solos) sont très présents. Les partenaires se séparent souvent pour enchaîner des enchaînements de pas rapides et créatifs, soulignant le style virtuose. Les jeux de jambes (variations de pas avant, croisés, « cha-cha-cha » sur place) sont complexes et nombreux.
La salsa On1 style Los Angeles est une danse de couple très rythmée et visuellement impressionnante, où le contact et la proximité typiques de la salsa laissent place à un style en « slot » plus libre et théâtral. Le fait de casser sur le premier temps (le « 1 ») synchronise fortement la danse avec la rythmique de la musique salsa, rendant les mouvements très en accord avec le clave et le tumbao des instruments.
Arrivée et développement en France du style Los Angeles
En France, la salsa a connu un véritable boom à partir des années 1990 et les cours de danse latine se sont rapidement multipliés. Les écoles enseignaient surtout la salsa cubaine au début, mais très vite le style portoricain, en particulier On1, s’est imposé comme incontournable pour les danseurs amateurs. C’est un style jugé « facile à prendre en main » pour les débutants français, notamment parce qu’il se danse sur le temps fort (temps 1) ce qui fait danser en rythme naturellement. De plus, les chorégraphies spectaculaires plaisent aux élèves qui aiment l’aspect show. Aujourd’hui, la plupart des écoles de danse latine proposent des cours de salsa portoricaine On1 (style L.A.), souvent dès le niveau débutant.
Les stages et festivals
Au fil du temps, la France a organisé ses propres événements salsa : festivals, stages intensifs, soirées à thème. Des villes comme Paris, Lyon, Toulouse, Marseille ou Bordeaux accueillent chaque année des conventions de salsa où se réunissent de nombreux danseurs internationaux. Par exemple, le Paris Salsa Congress et d’autres rendez-vous attirent professeurs et compétiteurs du monde entier. Ces événements ont largement contribué à faire connaître le style On1 : les spectacles et ateliers mettent en avant les routines Los Angeles style, inspirant les danseurs amateurs.
Enseignement et écoles
Dans l’Hexagone, les écoles de danse latine forment un réseau très dense. On y trouve souvent plusieurs professeurs qui se sont formés aux États-Unis ou en Espagne. Certains professeurs français ont eux-mêmes étudié à Los Angeles ou Puerto Rico, ramenant avec eux les techniques et la pédagogie propres à la salsa portoricaine. Beaucoup d’associations culturelles et de salles de danse proposent ainsi des cours hebdomadaires de salsa On1. Cette répartition montre l’importance de la salsa portoricaine On1 : dans de nombreuses écoles, c’est même le cours principal de salsa, parfois appelé « salsa portoricaine débutant/confirmé ». Les programmes de formation professionnelle pour instructeurs en danse latine en France incluent systématiquement la salsa On1 comme axe majeur.
Popularité actuelle de la salsa portoricaine On1
Aujourd’hui, la salsa portoricaine On1 jouit d’une grande popularité, en France comme à l’international. Dans l’Hexagone, on estime que des dizaines de milliers de danseurs pratiquent régulièrement la salsa (tous styles confondus). La salsa portoricaine On1 figure parmi les préférées des passionnés qui aiment les danses en ligne et spectaculaires. Un fait marquant est l’ampleur de l’enseignement de la salsa portoricaine On1 dans les cursus de danse latine en France. De la même façon que l’on apprend la salsa cubaine ou la bachata, la salsa On1 est devenue une « matière » classique. Les jeunes danseurs comme les adultes sont attirés par cette danse : pour les débutants, elle apparaît accessible (rythme clair, pas de base simple) et pour les confirmés elle offre un terrain de jeu pour la virtuosité.
La popularité de la salsa portoricaine On1 ne se limite pas à la France. Le style Los Angeles est très apprécié aux États-Unis (notamment en Californie et à Miami), en Amérique latine (à Porto Rico même, mais aussi en Colombie, au Mexique, au Venezuela), ainsi qu’en Europe (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni) et même en Asie (Japon organise chaque année le Tokyo Global Salsa Championships, où l’On1 est très présent). Dans chacun de ces pays, on retrouve une offre similaire d’écoles et de festivals dédiés. Par exemple, en Espagne, Madrid et Barcelone regorgent d’écoles de salsa On1, et des groupes latinos venus d’Amérique y enseignent souvent le style. En Allemagne et au Royaume-Uni, les soirées salsa « portoricaine » sont parmi les plus courues. Même dans des pays non hispanophones comme le Japon ou l’Indonésie, les écoles de danse latine ont en grande partie débuté avec la salsa Los Angeles. Cela s’explique par la richesse visuelle du style, son apprentissage progressif (sur le temps fort) et l’influence mondiale du cinéma et de la télévision américaine.