Salsa portoricaine on2 (style New York)

Salsa portoricaine on2 (style new york)

Histoire et évolution de la salsa portoricaine On2

La salsa portoricaine On2, souvent appelée New York Style, prend racine dans l’héritage du mambo et des danses afro-cubaines des années 1930 à 1950. À Cuba, le mambo devient un véritable phénomène culturalo-populaire puis s’exporte à New York où des lieux mythiques comme le Palladium Ballroom réunissent danseurs portoricains, afro-cubains et afro-américains. Des pionniers tels que Pedro « Cuban Pete » Aguilar y élaborent des pas plus complexes. Déjà, le cha-cha-cha, le jazz, le tap dance, le swing ou encore le hustle viennent influencer les danseurs latinos de la ville.

Dans les années 1960, c’est véritablement New York qui devient le berceau de ce qui sera appelé « salsa » grâce à l’industrie musicale et à l’énergie des diasporas latino-américaines. Johnny Pacheco et Fania Records popularisent le terme, fédérant son cubain, mambo, rythmes portoricains, percussions afro-caribéennes et arrangements jazz. Dans les clubs, une manière instinctive de danser « sur le 2 » émerge dans les clubs latinos fréquentés par les communautés portoricaines. Sur les morceaux mambo et salsa, de nombreux danseurs marquent naturellement le break sur le deuxième temps, car c’est le moment où les percussions syncopées, en particulier la conga (tumbao), créent un accent expressif. On ne parle pas encore de « Salsa On2 », mais c’est bien au cœur de cette scène new-yorkaise que se façonne la philosophie du On2.

Dans les années 1970, le danseur portoricain Eddie Torres, élevé dans cette scène new-yorkaise, joue un rôle central dans la codification du style On2. Il formalise une pédagogie, développe des routines et diffuse ses techniques à grande échelle via cours, clubs et premières cassettes VHS de salsa. Son style met en valeur la précision rythmique, la connexion du couple, la fluidité des déplacements en ligne et l’ancrage du break sur le temps 2. New York voit aussi l’émergence des premiers congrès latinos, qui servent de vitrine aux artistes de la scène mambo.

Le New York Style se propage de 1980 aux années 1990, à Puerto Rico, au Japon, en Europe et dans de nombreuses métropoles du monde. Sur la scène internationale, il coexiste avec la salsa portoricaine On1 popularisée à Los Angeles. Le style On2 gagne progressivement en visibilité grâce aux tournées des professeurs new-yorkais et portoricains, aux festivals et aux compétitions de danse latine.

Depuis les années 2000, la salsa portoricaine On2 poursuit son évolution et atteint une forme de maturité artistique. On distingue plusieurs sensibilités : une approche plus classique et marquée, directement héritée du mambo de club, et un mambo moderne, plus fluide et influencé par d’autres disciplines. Des chorégraphes incorporent des éléments du hip-hop, du jazz contemporain, des danses de salon, donnant naissance à une véritable virtuosité scénique. Le style est aujourd’hui solidement implanté en Europe, où des festivals d’envergure internationale (Paris, Barcelone, Milan, Londres, Tokyo) accueillent nombre de figures emblématiques comme Eddie Torres Sr. & Jr., Frankie Martinez, Adolfo Indacochea, Adrian & Anita, Yohan Adda, et bien d’autres.

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Caractéristiques du style New York

Le New York style (salsa On2) se distingue par plusieurs traits techniques et stylistiques propres :

Musicalité sur le deuxième temps : Le danseur ouvre la danse sur le temps 2 (on 2) de la mesure, ce qui signifie que le pas de rupture ou « break » se fait sur le second temps, puis sur le sixième temps d’une mesure à 8 temps. Cela crée une connexion privilégiée avec le rythme fondamental de la conga (le tumbao, marquant un coup fort sur le « 2 »), donnant au style une sensation rythmique profonde et syncopée. Cette orientation « on 2 » est héritée directement des danses mambo et son cubain tels qu’ils étaient pratiqués dans le New York des années 40-50.

Danse en ligne et figures de salon : Comme le style de Los Angeles, la salsa New York se danse dans un espace étroit (en « slot »), avec des pas linéaires avant/arrière et latéraux. La posture est plutôt droite et influencée par les danses de salon : les bras sont travaillés avec élégance (beaucoup de tours, bras desserrés pour faciliter les rotations). Les pas de base d’initiation (leader en retrait, follower en avant ou vice versa selon les conventions) sont combinés à des figures géométriques sophistiquées (croisements, demi-tours, cross-body leads) issues à la fois du mambo et du swing américain.

Focus sur les shines : Un élément-clé du New York style est l’intégration des shines, des séquences où les deux partenaires s’écartent et improvisent chacun de leur côté. Ceux-ci sont souvent très développés et inspirés du jazz, du tap ou de la rumba cubaine. Les shines permettent d’exprimer la musicalité personnelle : chaque danseur exécute des pas compliqués (enchaînements de tours, passes diverses, claquements de pieds) pendant 2 à 4 temps ou plus. L’accent est mis sur la technique individuelle et la créativité pendant ces moments.

Figure maîtresse, Eddie Torres : L’influence d’Eddie « Mambo King » Torres est toujours perceptible. Il a enseigné le mouvement caractéristique du style (par exemple, le Hunts Point Drop où le leader descend soudainement en avant puis recule en « cross-body », accompagné du follower), ainsi que les portés acrobatiques adaptés aux bals. Son approche a rendu la salsa on 2 plus accessible aux danseurs occidentaux, tout en conservant une base technique rigoureuse. De nombreux passionnés apprennent toujours le style « Eddie Torres On2 », synonyme de maîtrise précise du timing et du footwork.

Ambiance et musicalité : Le New York style se veut chic et sophistiqué. Sur scène ou en soirée, les danseurs arborent souvent un style élégant (chemise souvent rentrée pour les hommes, tenue ajustée pour les femmes) et privilégient le rythme et la musicalité latine. La musique salsa associée est généralement classique (Tito Puente, Celia Cruz, Fania 70’s) ou contemporaine dans ce swing latin, ce qui reflète l’aspect « new-yorkais » du style.

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Arrivée en France de la salsa On2

Depuis 1980, les premières traces de salsa en France sont plutôt liées à la musique latine populaire : des groupes comme Gipsy Kings, Buena Vista Social Club et des festivals (Festivals Latinos) importent une culture de la musique hispanique. Des clubs parisiens tels que La Pachanga se spécialisent dans les danses latines dès la fin des années 80. Très vite, des cours de « danse portoricaine » et de « mambo » apparaissent dans les écoles parisiennes, souvent inspirés par les vinyles latinos et les premiers télécrochets dansants (émissions télé). Au début, on enseigne surtout la salsa cubaine ou une salsa en ligne « en on1 » rudimentaire.

La mode latino bat son plein entre les années 90 et 2000. Les écoles de danse latine se créent partout dans la plupart des grandes villes et proposent des soirées salsa régulières. On voit arriver des professeurs étrangers (Cuba, Espagne) pour des stages, et des artistes latinos en concert (Nino Ferrer chantant en espagnol, Ray Barretto en tournée, etc.). C’est également l’époque où on commence à distinguer formalement les styles : la « salsa portoricaine » (généralement on1 à cette période) et la salsa cubaine. La pratique de la salsa se structure en France (associations, clubs sportifs, collectivités qui financent des cours). Toutefois, le style On2 n’est pas encore très répandu : il reste souvent réservé aux initiés qui ont voyagé ou assisté à des cours spécialisés.

Depuis les années 2000, la danse salsa s’ancre solidement dans les habitudes culturelles. La France compte désormais des centaines d’écoles et associations de danses latines. Les cours de salsa portoricaine On2 sont proposés dans la plupart des écoles, notamment pour les niveaux intermédiaires et avancés. De grands congrès de salsa voient le jour en France (par exemple le Paris International Salsa Congress, le Festival Latino de Salsa de Bretagne, le Paris Salsa Marathon, ou encore Fiesta Latino à Lyon). Ces événements invitent régulièrement des maîtres On2 internationaux (Eddie et Nadia Torres, Frankie Martinez, Yohan Adda, Pacha Ibérica, etc.), ce qui aide à diffuser ce style. Peu à peu, une communauté de passionnés « salseros » se forme : aujourd’hui, « danser la salsa portoricaine On2 » est un cours typique que l’on peut trouver dans les milieux salsa, parallèlement aux cours de salsa cubaine.

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Popularité en France et dans le monde du On2

La salsa portoricaine On2 connaît aujourd’hui une très bonne popularité en France.

Pratique en écoles de danse : De nombreuses écoles de danse latine en France intègrent la salsa portoricaine dans leur programme. A Paris par exemple, des structures renommées proposent à la fois salsa cubaine et salsa en ligne, et souvent des créneaux spéciaux sont dédiés au style New York (On2). Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux et d’autres grandes villes comptent aussi de multiples écoles offrant ces cours. Il n’est plus rare que les débutants découvrent la salsa sur des pas de portoricaine (certains cours « débutant » apprennent le pas de base On1 ou On2 selon l’école). Au total, on peut estimer que des dizaines de milliers de Français pratiquent la salsa régulièrement, parmi lesquels un pourcentage croissant suit des cours On2 chaque année.

Evénements et stages : La France est devenue un carrefour européen de la salsa. Paris est considéré comme l’une des capitales du genre en Europe grâce à ses nombreux festivals et congrès tout au long de l’année (par exemple Paris Salsa Congress, Paris Salsa Marathon, Lille Salsa Festival, Biarritz en salsa, etc.). Ces rassemblements attirent des participants venus du monde entier et mettent souvent à l’affiche des soirées « on2 », avec DJs latinos et shows de champions On2. Les festivals incluent toujours des ateliers On2 donnés par des experts internationaux. D’autres villes hébergent des événements significatifs : Marseille, Toulouse, et même des villes plus petites comme Nantes ou Clermont-Ferrand accueillent annuellement des week-ends salsa avec section on2.

Public et media : Le profil des danseurs salsa style New York en France est varié : on retrouve des quadragénaires cherchant à se dépenser, de jeunes étudiants attirés par la dimension sociale, et de plus en plus de personnes issues de la culture latina (franco-portoricains, afro-antillais, etc…) qui veulent perpétuer cette tradition. La salsa On2 bénéficie aussi d’une image valorisée : certains la voient comme la forme « la plus authentique » pour ressentir la musique, et elle est souvent enseignée pour parfaire la musicalité. Dans les médias, la salsa apparaît de temps en temps à la télévision (émissions dansantes, clips musicaux), mais c’est surtout sur les réseaux sociaux et YouTube que le style se diffuse auprès du grand public (tutoriels, showpieces de danseurs On2 célèbres).

Comparaisons internationales : La France figure parmi les pays européens où la salsa est la plus pratiquée. L’Espagne et l’Italie ont également de grandes communautés. Par exemple, Barcelone est réputée pour son On2 (des danseurs comme Adrian et Anita Santos y ont popularisé le style), et Milan accueille des maîtres argentins du style New York (Adolfo Indacochea, Fernando Sosa). En Afrique francophone (Maroc, Sénégal), la salsa grandit aussi par le biais de la France. Mais c’est principalement en Europe occidentale et au Japon que l’on retrouve de fortes scènes « salsa en ligne ». Sur le plan mondial, Cuba reste le berceau (style Casino) et Porto Rico une référence de la salsa en ligne, tandis que New York reste le centre historique du On2. Dans ce contexte, la France joue un rôle important : Paris accueille régulièrement les meilleurs danseurs on2 de la planète.